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3ème Journée d’Étude Sea More Blue | Séminaire de recherche interdisciplinaire à l’UA sur la perception, les représentations et les imaginaires aquatiques des mers et des océans, 11 avril 2025 

Titre et résumés des interventions de la 3ème Journée d’Étude Sea More Blue 
– 11/04 2025

À la MRGT, Amphi Germaine Tillion – Campus Belle Beille (U. Angers)

13h30 – 14h15 : Communication de Sylvain Briens (REIGENN, U. Sorbonne) – J’écris sur du papier mouillé. Les Humanités arctiques bleues. Modération : William Pillot (TEMOS, U. Angers).

Alors que l’Arctique se métamorphose suite au dérèglement climatique, cette communication évalue à nouveaux frais son écosystème culturel par le prisme d’une discipline émergente, les Blue Humanities, à l’intersection entre littérature, études environnementales et sciences de l’océan. En donnant pour titre à un recueil de poésie « J’écris sur du papier mouillé » (2020), la poétesse féroïenne Liv Maria Róadóttir Jæger modèle un agencement esthétique déterminé par la matérialité singulière de l’environnement océanique et écrit sa poésie à même la mer. Cette poésie arctique se saisit de l’ontologie humide propre à l’environnement marin en tant que bouleversement de notre rapport au monde et invite le lecteur à un décentrement du regard, à ce que Steve Mentz appelle « une trajectoire off-shore ». Les Humanités Bleues invitent à dessiner de nouvelles lectures océaniques des littératures nordiques et arctiques, à établir les bases d’une nouvelle histoire littéraire du Nord circumpolaire, postcoloniale et écoféministe, autour d’un paradigme appelé Global Literary Arctic Zone et, plus largement, à placer la littérature en dialogue avec les différents savoirs sur l’Arctique. Écrire sur du papier mouillé, c’est écrire sur la mer, écrire avec la mer, écrire en mer. 

14h15 – 15h00 : Communication de Justine Dumay (ISOMER, U. Nantes) –Les nouveaux monstres marins occidentaux… Le retour de Victor Frankenstein ? Modération : Mascha Canaux (3L.AM et CRESEM, U. Angers et Perpignan).

Les monstres marins ont peuplé les imaginaires humains depuis des siècles. Si la conquête des océans a permis de rétablir quelques vérités sur leur existence, que penser de nouvelles formes animées qui colonisent nos littoraux ? En prenant un exemple autour de formes vivantes et non vivantes, je tenterai de montrer que les actions humaines peuvent aboutir à la création de nouvelles formes de monstres, et évoquerai leur perception au niveau des sociétés, acteurs économiques, scientifiques et citoyens.

15h30-16h15 : Communication de Joanne Clavel (LADYSS, UMR 7533, CNRS) – Du rivage, percevoir la mer. Traversées sensibles de la Baie de Seine à partir de modélisations trophiques. Modération : Nuscia Taïbi (ESO, U. Angers).

En partant des imaginaires de la maritimité développés par différentes formes « d’habiter marin », nous avons cherché à comprendre comment l’effondrement des écosystèmes marins impacte aussi nos imaginaires et perceptions des lieux. Il s’agissait de saisir la portée de ce qui est perçu de l’effondrement des vivants par les habitant.es et ce qui de nos cultures, imaginaires est en cours de transformation. Si la surpêche altère depuis de nombreuses années les systèmes trophiques, il s’agissait de défendre que la richesse des réseaux et l’abondance des espèces n’est pas seulement liée à des questions de nourriture au sens métabolique du terme mais touche aussi à ce qui nourrit, intimement et existentiellement, les humains et les lieux qu’ils habitent. Pour cela deux approches complémentaires ont été menées. D’une part une ethnographie immersive (mêlant entretiens, observations participantes et protocoles d’observation) auprès de six localités du littoral de la Baie de Seine. D’autre part, un questionnaire à diffusion principalement numérique a interrogé les pratiques, les attaches, les rêves, les perceptions et connaissances des écosystèmes de la Baie de Seine ainsi que leurs menaces auprès de 1400 répondants.

Nous proposons de nous focaliser sur quelques résultats (tant ils sont riches) de cette double enquête avant d’ouvrir la discussion sur les usages réalisés pour la modélisation des réseaux trophiques. Nous reviendrons sur les enjeux d’écologies des pratiques dans la recherche et sa diffusion via des ateliers de danse et d’écritures afin d’offrir des situations de spéculation incarnée des devenirs des lieux. Ainsi, tout au long de cet exposé ce sont bien les enjeux de la perception considérée comme action (Gibson) dans une visée écosomatique qui relie geste et milieux pour les écologiser (Bardet et al. 2019).

16h15-17h00 : Communication de Caroline Granger (ERIBIA, U. Caen) – Inspirer, expirer : Retenir son souffle pour danser et vivre avec les océans. Modération : Béné Meillon (3 L.AM, U. Angers).

“But the sea also operated on a more personal level, as a metaphor of life. In an era when everything seemed to be in a state of becoming, it represented the flow of life in ways that the land could not”. 
(« Mais la mer agissait aussi sur un plan plus personnel, comme une métaphore de la vie. À une époque où tout semblait être en devenir, elle représentait le flux de la vie d’une manière que la terre ne pouvait offrir ».) Les mots de John R. Gillis offrent ici l’opportunité d’enquêter sur ces nouvelles manières d’exister et posent la question suivante : Quelles influences l’expérience marine peut-elle avoir sur les humains, leurs mouvements, leurs danses ?

Ainsi, cette communication a pour intention d’examiner combien danser au contact des mers et des océans incite à repenser les paradigmes de nos vies terrestres. Pour cela, j’étudierai les relations poreuses que cet art non verbal permet de tisser avec les milieux. Je développerai alors une analyse des variations de respirations ainsi que des perceptions humaines notamment par les pratiques somatiques (Clavel).

Tout d’abord, je démontrerai combien l’expérience des différents rythmes de souffle éprouvés sur les rivages a impulsé le déploiement de la danse et de la pensée de la chorégraphe pionnière Isadora Duncan (Perrin) ainsi que celles de ses successeuses.

Puis, je me concentrerai sur deux vidéo-danses, Tides d’Amy Greenfield (réalisée en réponse à la Danse du futur de Duncan) et Water Motor de Babette Mangolte afin de mesurer à quel point les expériences aquatiques et notamment celle d’une temporalité non humaine déplacent nos perceptions. Ce phénomène se révèle alors grâce à l’usage de la caméra qui offre une trace de ces sensations intimes et fugaces.

Enfin, j’analyserai la pièce et le court documentaire de la danseuse-apnéiste Marine Chesnais, tous deux intitulés Habiter le seuil. J’interrogerai ici la pratique de la rétention du souffle qui permet d’aller à la rencontre des animaux marins : en quoi ces rencontres marines essoufflées changent-elles notre perception du monde terrestre et nous invitent-elles à « habiter le seuil », à explorer cet espace de métamorphose nous proposant un « devenir autre » (Abram).


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Bénédicte Meillon (29 mars 2025). 3ème Journée d’Étude Sea More Blue | Séminaire de recherche interdisciplinaire à l’UA sur la perception, les représentations et les imaginaires aquatiques des mers et des océans, 11 avril 2025 . Écopoétique. Consulté le 22 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13lhp


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